Il existe une période au cours de laquelle l’enfant prend un grand plaisir à dire non. C’est un non qui surgit quelle que soit la demande des parents mais qui n’a pas de grande conséquence car l’enfant qui dit non à une proposition de sortie par exemple, accepte volontiers de mettre son manteau. C’est un non de pure forme qui s’accompagne généralement d’un sourire joueur et qui permet à un moment donné à l’enfant, d’affirmer sa capacité à s’opposer (voir lettre précédente).
C’est en effet dans cette possibilité de s’opposer que la réalité de l’enfant se concrétise et s’affirme. Nous existons d’abord par rapport aux autres et parce que nous ne sommes pas « les autres », le premier Autre étant bien sûr la mère. De la même manière que Platon définissait le sujet comme n’étant pas le monde, l’enfant se ressent comme n’étant pas l’autre, donc dans une sorte de négativité.
Ce processus de négativité est fondamental dans la construction psychique et explique le besoin des enfants de s’opposer dès les premiers moments de l’existence et bien au-delà de la période du « non ».
Plus grand, l’enfant peut à certains moments revendiquer une position avec vigueur et ne pas supporter les injonctions parentales alors que par ailleurs, il se comporte de façon charmante. On assiste alors à de vrais conflits de volonté.
La position de l’enfant est incompréhensible si on ne déplace pas ce mouvement d’opposition dans une configuration plus large, où l’enfant est mis en difficultés. Le non d’opposition manifeste la nécessité pour l’enfant d’exister soit en dehors de la sphère maternelle — souvent trop proche et trop permissive et donc sans suffisamment de volonté —, soit plus largement dans la famille où l’enfant ne trouve pas sa place — souvent en raison des fortes personnalités qui l’entourent.
La volonté de l’enfant tente de s’affirmer dans cette opposition souvent mal comprise. Comment y remédier ? Il n’y a pas de recette miracle mais comme toujours, c’est la compréhension de la situation qui permet de répondre à la demande indirecte de l’enfant.
Voici le récit d’un grand-père qui m’a raconté l’expérience de cette confrontation de deux volontés. Les parents de l’enfant l’avaient averti que ce bébé de quelques mois (qui par ailleurs allait parfaitement bien) refusait de faire la sieste et dormait peu dans la journée. Ayant la charge de sa petite fille toute une journée, il la fit déjeuner puis il la berça pour l’endormir. Il s’aperçut alors que l’enfant luttait pour ne pas céder au sommeil. Comprenant qu’elle manifestait sa peur de ne plus participer à la vie des autres, il lui parla alors de cette nécessité de se laisser aller dans le sommeil avec confiance et fit ainsi face à la volonté de l’enfant qu’il exprima verbalement. Elle s’endormit alors paisiblement et fit, le lendemain même, une grande sieste avec sa nounou avec laquelle elle ne dormait jamais.
L’observation, la compréhension et la volonté de l’adulte sont les ressorts de la résolution de toute situation.
Par Linda Gandolfi
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