Le monde est plein de tentations ! Voici un petit garçon qui hurle comme s’il était le plus malheureux du monde car sa maman, qui lui tient fermement la main, n’a pas voulu s’arrêter au manège fort bien situé à l’entrée du parc où ils sont venus se promener. Telle petite fille visite avec son grand-père une ferme et à peine entrée sur le chemin de la visite, la voilà attirée par une proposition de promenade en poney !
Pleurs, insatisfactions, fâcheries qui peuvent dégénérer… Comment dire non aux enfants — car il faut dire non —, sans qu’un drame ne s’ensuive et quand les tentations sont fort habilement mises sous leur nez.
Sans compter les tentations de l’image des divers écrans (évoquées spécifiquement dans d’autres textes) qui viennent soustraire les enfants à la réalité des diverses injonctions parentales.
Comment mettre le curseur entre ce qu’il est possible d’accepter et ce qui ne l’est pas ?
Il y a les choses incontournables : se lever le matin, s’habiller, déjeuner, aller à la crèche, à l’école, rentrer le soir, prendre le bain, les devoirs… Il s’agit souvent d’un rythme soutenu qui sera d’autant mieux vécu que les règles seront imposées avec calme, rigueur et détermination par les parents, sans énervement surtout lorsque l’enfant dévie tout en jeu et que l’heure tourne.
Quand le pli est pris, plus de problème, mais il faut savoir que l’enfant essayera toujours de grapiller un peu sur le domaine des parents. Une histoire, deux histoires, trois histoires… C’est de bonne guerre.
La difficulté est de trouver le curseur. Quand est-il juste et légitime de dire non ? Difficile de de le préciser, mais ce qui est certain est que ce « non » est indispensable à la construction du Moi de l’enfant. Le « non » réduit sa toute-puissance fantasmatique au profit de l’accès à une réalité qui dessine les contours de son petit être. C’est cette limite imposée qui autorise la rencontre avec les autres. Son imaginaire « frustré » est ainsi canalisé vers d’autres horizons que la jouissance immédiate qui n’est alors qu’un leurre.
Entretenir le fantasme de cette toute puissance chez l’enfant le condamne à devoir se confronter un jour avec les limites de la réalité laquelle ne manquera pas de se rappeler à lui.
Il incombe à chaque parent de trouver le dosage et d’expliquer sa position à l’enfant : « On est sorti pour se promener et pas pour faire du manège. Le manège, c’est le dimanche. Aujourd’hui on va aller voir les mouettes au bord de la plage, leur donner du pain… »
« On est venu visiter la ferme et voir les animaux, pas pour faire du poney. On aura une autre occasion. On va aller voir les petits agneaux qui prennent le biberon … »
Un plaisir peut être remplacé par un autre plaisir.
Ainsi il ne suffit pas de dire non, il faut aussi le faire accepter en restant dans une logique pédagogique.
Dire systématiquement non n’est pas non plus une solution surtout quand il s’agit de se rassurer. Enfin, il faut accepter l’idée que l’enfant, en grandissant, transgressera les interdits pour mesurer sa marge d’autonomie. Si les interdits ont été mal posés (trop ou pas assez), les transgressions seront d’autant plus dangereuses. Anna se plaint que ses parents disent non à tout car ils craignent qu’il lui arrive quelque chose. Là, il s’agit d’interdits non justifiés qui seront inhibant au fil du temps pour l’enfant.
Apprendre à un enfant à accepter les contraintes, c’est lui apprendre à trouver sa liberté au-delà de ces contraintes. La résistance aux exigences de la vie est plus coûteuse que l’acceptation de la loi. Mais encore faut-il que les parents aient eux-mêmes trouvé le chemin de cette liberté.
Linda Gandolfi
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