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Newsletter n°51 / La chosification des corps

La chosification des corps : mère porteuse en état de mort clinique


Le magazine « Philosophie Magazine » a publié un étrange article :

Une philosophe norvégienne Anna Smajdor, enseignante à l’université d’Oslo, propose d’utiliser le corps des femmes en état de mort clinique afin de porter de futurs enfants. Elle s’appuie sur le fait que les femmes ayant subi un accident les mettant en état de mort cérébrale alors qu’elles sont enceintes, « poursuivent leur grossesse » et « finissent par accoucher ». Leur corps pourrait donc servir à porter des enfants pour d’autres femmes ! De plus — gros avantage ! — elle affirme que l’enfant ne subirait pas le traumatisme de l’accident puisque ces femmes en étant en état de mort cérébrale » ne pourraient transmettre aucun trauma à cet enfant. Inutile de dire que cette proposition aussitôt a suscité la polémique.


Pour ma part, une question me vient à l’esprit : comment une femme — philosophe qui plus est, donc accoutumée à côtoyer les plus grands humanistes de la planète passés et présents —, a pu avoir une idée aussi sordide ? Comment imaginer que le fœtus pourrait se développer sans aucun problème dans le corps d’une femme à demi-morte et artificiellement maintenue en vie ?


Je ne pense pas qu’il y ait une suite à cette folle proposition qui fort heureusement présente le désavantage d’être très couteuse. Mais elle a tout de même fait l’objet d’un article dans une revue scientifique et le seul fait qu’elle ait été proposée montre les dérives monstrueuses d’un monde qui signe définitivement la rupture entre la sensibilité et l’intuition d’un côté et l’intelligence froide de l’autre.

Si la technique permet toutes les prouesses y compris celle d’utiliser le corps des femmes en état de mort clinique pour donner la vie, ne faut-il pas se poser enfin la question des limites à poser à ce : « tout est possible » ?


L’intelligence artificielle va certes pouvoir penser à notre place mais elle reste une machine à régler les problèmes que nous choisissons de lui soumettre. La technique autorise une série de choses impensables jusqu’à ce jour, mais les questions posées à l’I.A. ne doivent-elles pas rester du ressort de l’homme ?

Si nous arrêtons de penser par nous-mêmes les grandes questions au cœur du mystère de la vie, les pires scénarios de science-fiction comme celui d’une usine de mères porteuses en état de mort clinique, vont se réaliser. Sommes-nous prêts à mettre au monde des enfants dont la vie fœtale se sera abreuvée à l’électroencéphalogramme plat de leur mère porteuse, n’attendant que la mort comme délivrance ? Et je n’ose imaginer le destin de ces enfants car si la nature se montre docile devant la technique, elle n’a pas dit son dernier mot.


Cette histoire épouvantable doit absolument nous permettre de mettre fin aux dérives.

J’ai connu un grand nombre de femmes, célibataires, avec des profils les écartant à priori de l’adoption, franchir tous les obstacles et accueillir un enfant réellement abandonné et lui donner une chance merveilleuse.

Il y a des solutions intelligentes et éthiques à toute situation. C’est parfois long, difficile et décourageant mais l’acte est loin d’être innocent et justifie ces épreuves.


Et si l’I.A. est si intelligente que ça, donnons à un ordinateur toutes les données de la mise au monde de la vie depuis l’origine avec bien sûr toutes les possibilités actuelles et demandons-lui quelle est la meilleure façon pour un enfant de venir au monde en classant les réponses. Nous verrions alors si le mot intelligence dans l’I.A. a du sens.


Linda Gandolfi

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