En ce début d’année, c’est avec une certaine timidité, voire une pointe de ressentiment, que l’on formule des vœux de bonne année, tant l’expression fait aussitôt penser à l’an écoulé, période grevée de difficultés de tous ordres. Difficile de se projeter dans un horizon clair à partir du chaos ambiant, chaque année nous réservant une escalade d’actes incompréhensibles parsemant nos existences de regrets. Et comment ne pas penser que cette escalade va se poursuivre, l’Histoire nous ayant convaincus de son inefficacité éducative ?
Il est clair cependant, au travers de cette turbulence, que notre monde est en train de s’effacer pour laisser la place à un monde nouveau dont nous ne voyons pas bien les contours. Des contours qui se dessinent sous la férule d’hommes tels que Mark Zuckerberg, Jeff Bezos ou encore Elon Musk, qui nous promettent une existence dominée par l’IA et le transhumanisme.
Ce monde qui apparaît n’est pas le nôtre car, en cherchant à s’affranchir des contraintes du monde actuel, il défie toutes les lois qui ont jusqu’à ce jour préservé l’intégrité humaine. C’est la raison pour laquelle on peut se demander si malgré tout ce monde nouveau dans lequel nous précipite la post-modernité n’est pas l’ultime chimère à laquelle les futures générations vont devoir se confronter. Une gigantesque chimère sortie de l’hubris des puissants et qui peut se dégonfler comme une baudruche sous les coups répétés de la réalité, revenue au galop du fond de l’Univers.
La nature en effet, n’a pas rendu les armes face à la technologie. Elle était là avant, elle sera là après. Et elle constitue le dernier rempart éthique, qui obéit à une logique qui nous dépasse et puise directement à la source originelle de la vie. C’est là l’aspect rassurant d’une logique métaphysique que les philosophes et poètes idéalistes, Novalis en tête, ont mise en avant au moment où l’Occident s’engageait dans la démesure technologique ; une philosophie de la nature qui se cache et qui n’a assurément pas dit son dernier mot. Le réchauffement climatique, éminemment puissant malgré nos diverses parades, est sans doute un aspect de son implacable manifestation.
Alors, pour lutter contre les chimères, et dans la mesure où nous acceptons individuellement que les temps sont plus que jamais au réveil de la conscience, à la compréhension des symboles, à l’exercice de l’équité, à la résolution des problèmes par l’accès à la métaphysique, « bonne année 2025, santé, bonheur » ! Que cette nouvelle année nous permette de passer à travers les mailles étroites d’un temps devenu eschatologique.
Par Linda Gandolfi
Comments